| | | | | | | | Ebony | | Foutue Bataille. |  | | 116 messages postés |
|  Posté le 05-11-2006 à 17:51:50   
| Ebony, assise au chevet du malade, somnolait. Elle ne pouvait plus rien pour cette personne, du moins pour l'instant. La seule chose qui importait était sa survie avant que le jour ne se lève. Ainsi, Ebony pourrait s'en aller dans les plaines et y chercher la fleur qui soignerait la fièvre du vieil homme.
Lasse, elle soupira et trempa un bout de tissu glacé sur le front vu vieillard qui transpirait et délirait. Rien de ce qu'il disait n'était compréhensible, d'ailleurs Ebony n'y prêtait guère attention cette fois-ci.
Elle appuya sa tête sur son coude replié et tenta de se concentrer sur son patient alité. Le pauvre avait souffert du froid qui était mordant ces derniers temps. Le soleil ne faisait pas son travail, il ne réchauffait si la Terre, ni les coeurs. La morosité atteignait le camp, aussi dangereuse que la maladie, et le silence règnant achevait de démoraliser les gens de la Serpette.
Tais-toi, je dors encore.
Ebony tressailla. L'homme avait parlé d'une voix intelligible et puissante... Elle ne s'en inquiéta pas. Il délirait comme une personne fiévreuse pouvait le faire, tout simplement.
Fourbe ! Regarde ta lame.
Et il continuait... Ebony s'impatienta.
T'as vu l'sang ? Bah, c'est écoeurant. Fourbe. T'aurais pas dû. Bah. Et ma famille, escroc.
Agacée, Ebony se leva brusquement et sorti de la tente pour prendre l'air. La voix de l'homme retentissait encore, etouffée par l'épais tissu de la tente. Tant mieux. Son délire faisait mal au coeur d'Ebony.
Le clair de lune inondait le camp. Au centre brûlait encore un petit feu, qu'alimentait deux jeunes hommes. Plus loin, un bébé pleurait. Il avait certainement faim et froid. Ebony espérait secrètement qu'il n'attérirait pas dans sa tente... Elle avait assez de responsabilités à assumer comme ça. Et ce n'était pas de bon coeur, non...
Pour sa survie. Elle n'avait rien que ces trois mots dans la tête, ces derniers temps. Elle aurait aimé pouvoir le penser en souriant, mais elle ne parvenait qu'à grimacer tant ça l'agaçait de penser à une chose pareille... C'était donc ça, l'idéal d'un guerrier ? Survivre ? Et s'en fichait de protéger des gens.
A moins que ça la protège, elle.
Il n'y avait qu'elle qui comptait. Rien ni personne d'autre.
Vivre.
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| | Ebony | | Foutue Bataille. | | | 116 messages postés |
|  Posté le 08-11-2006 à 16:16:54
| 1 jour et 4 heures plus tard...
Ebony aperçut brièvement la palissade entre les arbres. Le jour se levait enfin. Les rênes de son cheval dans une main, Ebony triturait nerveusement la fleur que le mage lui avait laissé. Elle lui était vraiment reconnaissante de lui avoir rendu... Sans elle, elle serait certainement en train d'inventer un énorme mensonge pour justifier son retour sans fleur. Bien sûr, elle ne pouvait pas dire la vérité... Ou plutôt, elle refusait de le faire. C'était devenu une habitude. Mentir.
Quand le garde posté à la porte l'aperçut, il baissa son arc et laissa entrer la guérisseuse, un sourire aux lèvres. La fleur qu'elle tenait avait été comme un laisser-passer... Une fleur. C'était stupide. Elle n'avait plus envie de guérir ce vieillard. Pas après ce qu'il avait dit. Elle aurait aimé qu'il se taise... Ou qu'il meure avant. Beaucoup de choses auraient été évitées.
Lasse, elle déssella son monture et la laissa dans l'abri prévu à cet effet. Un rai de lumière qui avait filtré à travers les arbres l'aveugla, aussi porta-t-elle une main à son visage en s'immobilisant. Elle resta un long moment comme ça, à regarder au loin le soleil se lever... Peut-être ne verrait-elle plus jamais ce spectacle. Aujourd'hui comme dans des mois, le monde pourrait probablement être plongé dans le noir.
Par sa faute ?
Peut-être. Elle n'y pensait pas.
Salut Ebony !
Ebony se retourna et s'accroupit devant la petite fille qui avait parlé. Elle lui sourit, rassurante, brandissant la fleur devant son visage.
- Qu'est-ce qu'il y a?
- Tu vas le guérir, mon grand-père, hein Ebony ?
Ebony aquiesca, attendrie, avant d'aller au chevet du vieil homme. Après qu'il ait bu le remède qu'Ebony avait confectionné, cette dernière alla raviver le feu sur lequel chauffait un deuxième bol de potion. Qui sait, peut-être en aurait-elle encore besoin.
Tout autour d'elle, l'air s'emplissait de tous ces bruits matinaux. Le forgeron commençait à travailler, quelues enfants jouaient avec des épées de bois. Leurs aînés étaient plus loin, et s'entraînaient à l'arc avec un homme plus aguerri.
Et c'était pour ça, qu'elle restait ? Ces bruits, cette insouciance. Cette vie.
Cette paix.
Jusqu'à ce qu'aux palissades, les arcs se bandent.
Raté.
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